Un petit patron ruiné pète les plombs, il n’a plus rien à perdre, il tue l’huissier venu constater les dégâts et prend en otage un grand patron qui veut être un repreneur.
Ce road movie tendu se déroule avec un bon rythme grâce à une intrigue efficace d’une grande simplicité et qui tient la route, avec de nombreuses interactions, à tout moment on sent qu’il peut y avoir un basculement, on ne sait pas trop où l’auteur nous mène et c’est plutôt agréable, et la fin qui s’effiloche rend le livre original.
Tout cela est raconté avec un dispositif simple et ingénieux constitué d’une alternance entre les pensées haineuses du narrateur et des dialogues, pas de description ni psychologie inutile. Cette construction nerveuse faite d’aller-retour rapide est la principale qualité du livre par exemple par le décalage entre ce que le narrateur pense et ce qu’il dit, écart qui laisse imaginer les raisons qui l’ont mené dans cette situation merdique.
Par contre, Stephane Hereng a une écriture faite de phrases courtes qui se veut rapide, agressive remuante mais ce n’est pas toujours très maîtrisé. La méchanceté est une question de dosage et à trop vouloir en faire, à trop vouloir dire, montrer on reste à distance, on sent l’intention de l’auteur, on voit le travail, bref ça manque de légèreté. Parfois l’auteur tape juste mais il veut taper à chaque phrase, il veut toujours passer en force, montrer son talent et nous empêche d’entrer dans le livre.
C’est dommage parce qu’il y a une véritable ambition, un intérêt pour la forme, quelques beaux passages (surtout dans la dernière partie du livre pendant laquelle Stephane Hereng semble lâcher un peu de lest), il ne manque pas grand chose pour faire de Saisie un livre fort et tenu.
Saisie de Stephane Hereng, Atout Éditions, 2002
Saisie de Stephane Hereng
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