Ça commence plutôt bien, des jeunes sur la route, l’univers des squats, un certain mystère mais ça ne dure pas, c’est plutôt bien écrit, assez sobre, une construction avec de nombreux personnages qui se tient, qui donne du rythme. Mais il y a des coïncidences énormes au niveau de l’intrigue (le coup du schizophrène, il fallait oser, je vous raconte, cela ne dévoile rien de l’intrigue principale, bref, une personne meurt dans un hôpital, créant un certain mystère, et vers la fin, on apprend que dans cet hôpital, un schizophrène qui n’a rien à voir avec rien, passait par là et l’a tué…) et ce n’est pas le seul évènement de ce genre, sans compter ce qui fait le nœud principal, une légende urbaine ayant déjà trop servi dans le roman noir. Bon, des intrigues foireuses n’empêchent pas parfois de faire de bons romans noirs si l’ambiance est là, mais l’auteur donne l’impression de regarder son monde de haut, on n’est jamais plongé dans son univers, impossible de se sentir concerné malgré les horreurs décrites. L’auteur est un sociologue qui a beaucoup travaillé sur la sociologie du corps, du risque, des rituels d’adolescents, etc. lorsqu’il parle des adolescents en souffrance qui vont de squat en squat, on peut imaginer qu’il sait de quoi il parle, pourtant on n’y croit pas, cela manque d’implication, on voit la misère de l’extérieur, alors que ça devrait être touchant ou révoltant, on se retrouve comme des spectateurs indifférents, peut-être que ça manque juste de littérature.
Le plus dommage c’est que quelqu’un qui est déjà assez connu pour son œuvre scientifique qui se met au roman devrait le faire avec une véritable envie, un véritable désir, il nous livre là une œuvre scolaire et pour tout dire assez ratée.
Mort sur la route de David le Breton, Métailié noir, 2007
Mort sur la route de David le Breton
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