David sur ordonnance de Pascale Ferroul

Un roman en deux parties ; la première est la mise en place de l’intrigue, dans un hôpital psychiatrique, une psy dirige une thérapie de groupe et emmène ses patients psychotiques voir un concert de David Bowie, espérant un effet bénéfique.
Pendant ce concert un adolescent a disparu, les patients sont soupçonnés.
Deuxième partie, chaque patient prend la parole et raconte. Comme une sorte de puzzle qui permet de reconstituer ce qui s’est réellement passé. En apparence donc une intrigue limpide, mais qui se révèle au fur et à mesure de plus en plus complexe, surtout que l’auteur demande que le lecteur soit concentré et refasse de lui-même une partie du puzzle, donnant un côté ludique à ce livre.
Tout cela peut faire exercice de style (jusqu’à cette coquetterie de chapitres allant de 1 à 10 puis de 10 à 1) mais Ferroul évite l’excès de formalisme par une incarnation habile des différents protagonistes, dont les failles se mettent à jour petit à petit. On pouvait aussi craindre la caricature dans le traitement de la folie, elle sait au contraire nous faire rentrer dans des univers mentaux à priori délirants qui nous paraissent presque cohérents à quelques détails près. Elle est aidée en cela par un style juste, elle emploie les mots qui semblent au plus près de la réalité, sans fioriture. Le cadre formel lui permet surtout de faire vivre ce petit monde avec tendresse, malgré la noirceur et la souffrance ambiante. Le personnage de l’héroïne, psy à côté de ses pompes qui ne capte pas grand-chose est intéressant et sympathique dans sa déchéance, elle est le pivot de ce livre stimulant et malin, plus riche qu’il n’y parait au premier abord.
David sur ordonnance de Pascale Ferroul, Babel Noir, Actes Sud.

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