Une belle histoire d’amour de Philippe Carrese

Une histoire de malfrats minables dont un qui veut se venger de sa copine, une histoire qui va partir en un délire réjouissant.
Carrese a un grand sens de la construction, l’intrigue en soi a peu d’importance, comme l’auteur on s’en fout un peu, pour lui ce qui compte est le trajet, il nous balade, on ne sait jamais dans quelle direction on va et on se laisse porter volontiers.
Ce livre est une cascade de micro-évènements, Carrese sait rendre ceux-ci intéressants, amusants ou étranges (ainsi la scène du début dans le fast-food ou l’enlèvement de Gisèle très rythmé, au tempo très précis)
Les situations, les lieux, les personnages (du tueur amateur de chansons italiennes au héros, loser fan de jazz pris à contre cœur dans cette histoire en passant par le gangster débile, violent et romantique), sont décrits d’un trait rapide et efficace, des esquisses, des caricatures pleines de vies et d’une sorte de noire tendresse, des  personnages qui ne sont pas figés, qui évoluent par rapport au déchaînement d’évènements. On est touché par la romance qui apparaît à l’arrière-plan et malgré l’humour, la violence, on a effectivement droit à une belle histoire d’amour.
Parfois un peu de trop plein (ainsi la cymbale qui traverse Marseille) mais c’est souvent la règle du roman noir délirant (à la Westlake ou Siniac) qui joue sur la profusion et l’absurde.
Le style sait s’adapter à ce genre : riche, à l’emporte pièce, jouant sur différents niveaux de langages, sur différents argots, et cette richesse n’empêche pas la fluidité parce que ce qui importe avant tout c’est le rythme général, avec des ralentis, des accélérations. Un style et un rythme très musical, l’amour de l’auteur pour le jazz n’y est sûrement pas étranger.
Une belle histoire d’amour de Philippe Carrese, Fleuve Noir, 2003

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