Zumbido de Juan Cardenas

Un homme, dont la sœur est morte dans un hôpital crasseux, se met à suivre une femme silencieuse, va croiser une faune étrange, découvrir une sorte de secte religieuse, etc. C’est une histoire de deuil mais surtout un voyage à la frontière du rêve et de la réalité, tout semble baigné d’une atmosphère fantastique.
Très vite, nous sommes submergés par les odeurs, de l’hôpital, de la femme puis des rues, c’est tout un monde de senteurs, de bruits, de sensations qui s’offre à nous. Petit à petit on met son esprit de côté, on ne cherche plus à comprendre ce qu’on lit mais seulement à ressentir, à s’immerger dans le vrombissement de la ville. L’auteur réveille nos perceptions et en cela la lecture de ce livre accompagne le cheminement du héros.
Ainsi nous entrons dans un monde où tout paraît flou, nocturne. Un monde où le héros est passif et ne semble jamais savoir ce qu’il fait là, il est comme ballotté, ici et là, tout peut arriver mais rien n’a vraiment d’importance. De même à aucun moment, on ne saura ce qui se joue entre les personnages, sauf une sorte de reconnaissance immédiate entre ceux qui souffrent, entre ceux qui sont en bordure de la société.
« Je pensais à l’identité comme à une petite fortune familiale qu’on m’aurait confiée dans l’enfance, une somme que j’aurais dû administrer judicieusement jusqu’à la fin de mes jours et que j’avais choisi de dépenser à mauvais escient jusqu’à la faillite. Maintenant je me dirigeais vers l’avenir les yeux grands ouverts et le cœur plein d’espoir. »
Ce livre est le trip d’un personnage qui peut se remettre à vivre puisqu’il a compris que tout est absurde, que rien n’a vraiment de sens. Ainsi on assiste à un retour à la vie, un passage vers la lumière qui passe par un dépouillement.
Nous avons souvent l’impression de nous perdre dans ce voyage mais l’écriture puissante et fluide de Juan Cardenas nous permet d’accepter d’être désorienté.
« Et derrière tout cela, s’étendant bien au-delà de la zone lointaine où la montagne jusqu’à trois fois avant de devenir très escarpée, au-delà de la portée de notre vue, un quartier. Ou plutôt, une ville. Une ville construite avec des matériaux de rebut.
Ici, le vrombissement de l’usine était très grave. À ma place, un autre, ou moi-même dans d’autres circonstances, aurait dit qu’il propageait une atmosphère différente différente, que c’était une bande sonore plus qu’adaptée à l’imposante apparition de ce paysage. »

Si vous voulez partager

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *