Le Pied-Rouge de François Muratet

Frédéric part en vacances. Dans un hôtel, il croise Max, un ancien compagnon de route maoïste qui meurt le soir même dans sa chambre. Frédéric, torturé par le souvenir de la mort de son père, va enquêter sur ce crime et brasse ainsi une histoire qui va de la guerre d’Algérie à l’Espagne de Franco.
Sur une trame plutôt classique dans le roman noir français, qui décrit les milieux d’extrême gauche et les mercenaires d’extrême droite, Muratet écrit un roman ample et dense, très fouillé sur le mouvement mao, la guerre d’Algérie et ses tortures, avec au centre et décalé, un héros angoissé, aux fantasmes morbides, pourchassé par son passé qui sera le contenant, le réceptacle de la sale histoire française. Le roman a une structure géométrique, avec deux lignes placées aux extrêmes, un récit tranché par une ligne qui va du passé au présent ou du présent au passé, des parallèles qui se tracent entre l’histoire intime et l’Histoire, et on trouve Frédérique qui se cogne contre les lignes de ce cadre précis et va essayer de s’en sortir lui aussi par la géométrie rassurante du jeu de go. Il va croiser un nombre important de personnages, un flic qui le soutient, des hommes de la DST, etc. on pourrait s’y perdre, mais Muratet arrive à rendre la lecture limpide grâce à une écriture discrète et énergique, des phrases courtes, des dialogues qui sonnent justes et relancent l’intrigue, des trouvailles éclairantes comme ces passages du passé écrit au présent et ce présent écrit au passé qui donne cette impression que tout se mêle, que le présent est comme bloqué. Quelques passages un peu répétitifs sur les troubles du héros ne suffisent pas, loin de là, à affaiblir ce livre très tendu du début à la fin.
Le Pied-Rouge de François Muratet, Éditions Serpent Noir, 1999

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