Dernières nouvelles de Noela Duarte de José Manuel Fajardo, José Ovejero et Antonio Sarabia

Un personnage, trois auteurs, six passages, un personnage vu par les yeux de ceux et celles qui l’ont croisé, bref un exercice de style, mais l’avantage c’est que cela ne s’arrête pas là.
Chaque passage est une sorte de nouvelle, même si ce même personnage les traverse. Si l’ensemble est un peu inégal, il y a suffisamment de passages intéressant pour que cela mérite notre attention.
L’héroïne du livre est Noela Duarte qui ressemble plus à un fantasme (la photographe, belle, dur, froide, indépendante qui fascine tous ceux qui la croisent…) qu’à une personne réelle.
La meilleur nouvelle est celle se passant à Sarajevo, l’écriture est sèche, un sniper voit dans son viseur Noela Duarte qui vient photographier la guerre, il ne peut se détacher d’elle, oubliant de tuer les passants, il commence à tuer le personnel proche d’elle pour capter son attention, Noela Duarte étant photographe ne peut s’empêcher de prendre en photo ces cadavres qui tombent autour d’elle, va-t-elle comprendre que ces morts ne sont pas un hasard ? il y a alors un jeu sur le regard, sur qui chasse l’autre, etc. Une idée simple et riche, une écriture tendue, puissante, cette nouvelle est impressionnante.
Les autres nouvelles sont moins fortes mais restent riches, l’écriture est vive, directe, phrases courtes, langage proche du parlé (souvent ce sont des récits de quelqu’un s’adressant à la police ou à Noela directement), l’idée du photographe correspond évidemment à la thématique du livre sur une personne montrée dans de nombreuses angles différents, sur l’idée qu’on peut photographier quelqu’un mais qu’on en sait guère plus ensuite, qu’on n’obtiendra toujours que des brides, des morceaux épars. Elle restera toujours le même fantasme. Un livre assez théorique tout en étant plaisant à lire.
Dernières nouvelles de Noela Duarte de José Manuel Fajardo, José Ovejero et Antonio Sarabia, traduit de l’espagnol par Claude Bleton, Éditions Moisson Rouge, 2009

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