Un hiver de glace de Daniel Woodrell

Une post adolescente qui doit s’occuper de ses deux petits frères et de sa mère folle part à la recherche de son père pendant un hiver rigoureux.
L’histoire est très simple, linéaire, on suit ce personnage de Ree, jeune femme qui a déjà pas mal vécu et qui lutte pour sauver ce qu’elle peut encore sauver. Ce personnage est très attachant dans sa détermination, sa volonté de s’en sortir face aux éléments, à une famille aux nombreuses ramifications et dont elle fait partie.
On plonge ainsi dans une Amérique qu’on imagine très profonde, dans un espace/temps intemporel où l’extérieur ne semble pas avoir de prise. Ça sent la terre, la neige, le sang, la merde, le corps est mis à l’épreuve, il hurle, se ferme, chie, pleure.
L’auteur joue sur l’animalité, comme un retour à un état sauvage, bien sûr cela vient d’une pauvreté importante mais il n’évite pas le naturalisme. Ainsi on a une impression d’immuabilité, cette famille dont l’histoire se répète, fait penser qu’il n’y a pas de solution, que la fatalité est plus forte, que ceux qui sont dans le marasme ne peuvent sortir de ce marasme, même si des éclairs de tendresse entre les personnages donnent un peu de lumière et d’espoir. Est-on politiquement plus près de l’inné que de l’acquis ?
Écriture riche, forte, foisonnante, très travaillée, à l’écoute de la nature, très descriptive.
On sent un grand travail en amont, c’est très structuré, très pensé, dans la peinture des personnages, des lieux, de l’atmosphère, ça manque toujours un peu de trous, de mystères, mais force est de constater que ce professionnalisme donne à ce livre une grande puissance d’évocation.
Un hiver de glace de Daniel Woodrell, Traduit de l’étasunien par Franck Reichert, Rivages/Thriller, 2007

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