En 1925, sur une île d’une Italie où le fascisme s’installe, un commissaire qui ne fait pas de politique mais qui prend son métier à cœur doit enquêter sur la mort d’un chemise noire. Son travail va se retrouver freiner par le chef de la milice, une brute épaisse…
Le personnage principal de ce livre est cette île sombre, soumise aux intempéries et qui paraît loin de tout. Les descriptions précises de l’auteur sont de toute beauté, nous font ressentir la claustrophobie des lieux, le vent qui souffle, la tempête, ce genre de chose, qui sont aussi une métaphore sur le fascisme qui s’empare de l’Italie. L’écriture est très belle, très classique, assez peu roman noir, avec beaucoup de travail sur les couleurs, les sensations, on se sent sur cette île où l’arbitraire règne.
On trouve aussi un très beau personnage de flic lent, pas très fin, mais persévérant, et dont la femme ne pense qu’à partir de ce lieu qui la rend folle, un héros malgré lui émouvant. L’auteur décrit un homme qui lutte alors que tout est déjà fini, sa quête ne sert pas à grand chose, juste cette homme veut rester droit, tant pis si pour cela il sacrifie sa vie, son couple, tant pis si c’est déjà trop tard. Le milicien à qui le héros s’affronte est lui aussi plutôt fouillé, il a un passé, une histoire qui lui donne du relief.
L’intrigue est très bonne, on ne sait pas trop ce qui peut se passer et la fin est réellement surprenante, le tout sur un rythme volontairement lent. L’important pour Lucarelli est l’atmosphère et à ce niveau là c’est très réussi.
L’île de l’Ange Déchu de Carlo Lucarelli, Gallimard, La Noire, 2002
L’île de l’Ange Déchu de Carlo Lucarelli
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