Tony est un jeune d’un quartier populaire qui ne connaît pas son père et dont la mère est droguée et dépressive. Ce Tony s’intéresse à la boxe et se tient loin des embrouilles sauf qu’on n’échappe pas comme ça aux lois de son quartier. La vengeance, la solidarité, le sens de l’honneur, etc. Ce canevas est assez classique, on le retrouve par exemple récemment avec plus d’ampleur politique et littéraire dans les premiers livres de Rachid Santaki (Les anges s’habillent en caillera et Des chiffres et des litres….), mais la sobriété de Jérémie Guez fait sa force, avec Balancé dans les cordes il ne cherche jamais à en rajouter.
Nous sommes en terrain connu, avec ce sentiment d’inéluctable, l’idée de fatalité bien rendu, on sait où on va mais l’auteur ne cherche pas à créer un mystère artificielle, ou des fausses pistes, on sait dès le départ que ça se terminera mal. On colle aux basques de ce Tony, on ne le lâchera pas et on tremble avec lui.
Le livre est très tenu, quelques formules « … début d’embonpoint mais carrure solide, nez écrasé en plein milieu d’une gueule façonnée par les coups durs, cheveux gominés en arrière. » et personnages un peu clichés mais dans l’ensemble une écriture efficace, ça file, ça ne dévie pas de sa ligne. Phrases courtes, peu de fioritures, l’auteur privilégie l’action avec des scènes claires, très visuelles qui tapent juste, que ce soit pour les combats, pour les parcours à moto, des dialogues qui tiennent la route. Il ne tombe pas dans le piège d’en faire trop sur l’argot, il sait utiliser le langage parlé d’une façon fluide.
Des histoires de personnes à la marge, de l’action, une écriture limpide, ça ressemble à ces bons néo-polars des années 70/80 avant qu’ils ne deviennent quelques fois des leçons de morale. Un livre qui semble écrit en urgence mais sans effet de manche, solide sans être prétentieux, fait pour être lu vite. Ramassé, tendu comme pour un combat de boxe.
Balancé dans les cordes de Jérémie Guez, 2012, La Tengo Éditions
Balancé dans les cordes de Jérémie Guez
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un roman que je viens de finir. J’ai été conquis !
J’ai terminé ce polar il y a quelques jours. Ce qui en fait sa force est son côté lapidaire. Un style bref, rapide, efficace, évocateur plus que démonstratif. Le lecteur comble les vides. Enrichit les décors et les personnages et construit son propre film. Je crois que l’attrait du livre vient de là. De la place laissée au lecteur. Même démarche initiée dans le précédent, « Paris la nuit » que j’ai trouvé moins bon toutefois.