Un roman qui a le goût du néopolar à l’ancienne, entre Siniac et Carrese. Ces romans noirs qui racontent l’histoire de Pieds nickelés sympathiques face à des banquiers salauds et des députés qui ne valent guère mieux, avec violence et humour. Ce qui est plutôt un bon programme.
Soit l’histoire d’Enée qui va aider sa vieille amie Dido, tueuse de banquiers, pour monter une sombre combine et ainsi se faire de l’argent et en même temps faire tomber des crapules. Pour cela il va croiser la route d’un jeune homme qui est pour le réchauffement climatique, une jeune prostituée, un psy pédophile, des clodos fraternels, etc., on sent bien que ce qui importe pour l’auteur n’est pas tant l’intrigue que de présenter des personnages en marge, ambassadeurs d’un monde qui refuse son aspetisation. Ainsi c’est un roman qui a des odeurs, des couleurs, qui aime traîner dans les bars avec son héros alcoolique qui semble toujours entre deux cuites, qui aime les chemins de traverse, les conversations inutiles sur tout et rien.
Mais on se perd un peu dans les péripéties de l’intrigue, on finit par ne plus trop savoir qui fait quoi et pourquoi, l’ensemble aurait pu être plus resserré, plus nerveux. Comme de nombreux romans noirs actuels, celui-ci est trop long.
Il en est de même pour l’écriture, il y a des trouvailles, des comparaisons percutantes ou poétiques.
« Mamé et Énée prirent le banc qui restait. Tout le monde s’installa pour durer. Le temps passa, du temps d’aquarium, du temps verdâtre. »
Mais c’est parfois trop dense, ça manque de respiration, et c’est aussi parfois un peu vieillot, les femmes sont « girondes », on y trouve un « louffiat » qui « le héla ».
Le style et l’intrigue partent dans tous les sens, il y a quelque chose de volontairement foutraque mais on a parfois la sensation d’être en fin de soirée avec un ami qui a trop bu et qui raconte une histoire qui n’en finit pas, rajoutant sans cesse des détails supplémentaires, des digressions, des épisodes, au début, c’est amusant, sympathique, touchant mais au bout d’un certain moment, on a envie qu’il aille plus vite au but.
Faut que tu viennes de Pascal Thiriet, Jigal éditions, 2014
Faut que tu viennes de Pascal Thiriet
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