Le bal des frelons de Pascal Dessaint

Un apiculteur qui retrouve son beau-fils, un maire faible et corrompu, un ancien maton dont le mariage se transforme en guerre, un fou qui idolâtre sa femme morte, un gendarme qui essaie de comprendre ce qui se trame, etc. le dernier livre de Pascal Dessaint met en scène un petit village avec un grand nombre de personnages pour la plupart agités par la cupidité ou la folie. On les suit dans de courts chapitres en devinant les collisions fatales qui vont arriver entre eux.
Certains trajets sont plus intéressants que d’autres, par exemple l’histoire de Maxime qui a quitté sa famille est narrée avec beaucoup de douceurs, pour le reste, c’est un peu la galerie des monstres, on surplombe parfois les personnages, on a du mal à savoir où se situe l’auteur et où il nous place. Même si le social existe dans ce roman, ce regard sur une humanité stupide, lâche et juste intéressée par le sexe et l’argent se voudrait drôle mais est parfois désagréable par sa vision du monde, il y a quelque chose de l’ordre de l’instinct meurtrier dans la violence qui se déchaîne, de la naturalité de l’homme qui serait un loup pour l’homme, surtout avec les nombreux parallèles avec les divers animaux qui peuplent les lieux, des abeilles aux ours. Est-ce que le regard de Pascal Dessaint est nihiliste, dépressif ou juste sardonique, difficile de trancher parce qu’il ne semble pas faire un choix clair, n’osant aller totalement dans la méchanceté ou la farce, sans montrer non plus d’empathie, les personnages ressemblent un peu trop à des marionnettes pour qu’on éprouve de l’émotion pour eux.
On assiste plutôt à une mécanique cruelle qui se met en branle, mais les nombreuses coïncidences donnent un aspect artificiel aux événements, on sait à l’avance que ça va aller vers le drame, l’horreur, le guignol et on a l’impression que l’auteur force les choses plutôt que de nous emmener. La multiplication des points de vue sur le même acte, si elle est habilement traitée, n’empêche pas un sentiment de surplace de se dégager. L’écriture vive et efficace rend la lecture plaisante mais ne suffit pas pour qu’on se sente vraiment concerné.
Le bal des frelons de Pascal Dessaint, Éditions Rivages/Thriller, 2011

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