Hervé Le Corre est un auteur généreux. Dans la forme, l’écriture il donne beaucoup, cherche différentes ambiances, est précis dans son choix d’un vocabulaire riche et comme il donne beaucoup parfois il donne un peu trop, quelques métaphores appuyées, quelques descriptions dont la longueur casse parfois le rythme, mais c’est le prix à payer pour avoir aussi des phrases émouvantes, des descriptions qui envoûtent.
Cette générosité se retrouve dans les personnages, l’auteur s’intéresse vraiment à eux, il les incarne avec finesse, ainsi le deuil d’un enfant ayant perdu sa mère est très bien rendu alors que c’était particulièrement casse gueule, il évite le mièvre que la situation pouvait amener. On est touché parce que son regard est juste, il est à la bonne distance. Il ne cherche pas le tape à l’œil, il prend le temps de faire vivre une situation, un moment, peu importe les quelques afféteries deci delà, l’ensemble a un souffle, a une tenue, une puissance qui font du bien à l’heure où le roman noir semble parfois se complaire dans un nihilisme et un cynisme finalement beaucoup plus en accord avec la violence ultra-libérale actuelle.
L’histoire en elle-même n’est pas des plus originales, un flic au fond du trou dont le fils a disparu depuis de nombreuses années d’un côté, un enfant qui a perdu sa mère de l’autre, et la fin est décevante lorsque le mystère se désépaissit, l’auteur est dans un certain classicisme, écriture au passé à la troisième personne, phrases longues, chapitre à deux personnages qui se succèdent. Hervé Le Corre ne cherche pas à tout prix la modernité. Non c’est du thriller à l’ancienne, honnête et puissant qui maîtrise sa forme, qui sait où il va et qui nous y emmène sans difficulté, laissant une fois le livre refermé des émotions multiples et persistantes.
Les cœurs déchiquetés de Hervé Le Corre, Rivages/Thriller, 2009
Les coeurs déchiquetés de Hervé Le Corre
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J’ai beaucoup aimé ce roman, qui n’a selon-moi pas volé les Prix qu’il a raflés.