Verre froid de Piergiorgio Di Carra

L’histoire est classique, un flic est muté en Calabre et doit affronter la mafia calabraise, la ‘Ndrangheta, qui a fait parler d’elle cet été suite à des règlements de compte. L’auteur ne cherche pas à construire une histoire originale, au contraire, cette enquête est comme dévitalisée, le héros la mène parce qu’il doit la mener sans qu’on sente de véritable enjeu, avec une description très technique, morne, des différentes procédures policières, ces temps d’attente, ces filatures, rien d’héroïque là dedans. Les flics font leur travail, rien d’autre.
C’est ce qui est étrange dans ce livre, le ton est gelé, le héros ne se livre pas, même si on sent une violence sourde en lui, un désespoir profond. Cela crée une frustration, on se retrouve face à une tension qui ne demande qu’à exploser mais qui n’explose pas. L’écriture est très froide, elle aussi, très sobre, avec très peu d’effets, juste quelques jaillissements de tristesse face à une impossibilité de vivre.
Cela donne un livre qui n’est pas vraiment aimable, qui ne permet pas au lecteur de s’immerger facilement.
Mais un sentiment perdure une fois le livre fermé, le sentiment d’avoir frôlé un univers et un personnage qui ne laisse pas de prise, qui est coupant. Il faut accepter cette noirceur, cette enquête éteinte pour pouvoir être touché, mais cela vaut le coup d’être tenté.
Verre froid de Piergiorgio Di Carra, traduit de l’italien par Serge Quadruppani, Métailié Noir, 2007

Si vous voulez partager

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *