Un roman pour midinettes, scènes cruelles de Thierry Reboud

Un homme, Deogratias Martin, n’aime pas les enfants qui font du bruit, des mimiques, ça l’énerve alors il les tue. Ainsi peut-on résumer ce roman limpide et très drôle.
Ca commence rapidement et l’auteur arrive à relancer sans cesse le rythme de ce road movie d’une grande simplicité. Les personnages sont tracés avec richesse, en commençant par le  » héros  » ce tueur d’enfant tellement banal que personne ne le voit, ne peut faire son portrait robot, des idées astucieuses comme celle-là le livre en fourmille, comme cette scène hilarante entre Deogratias et un pédophile, ou ce road movie où le tueur ne cherche pas à fuir puisque il ne se sent pas coupable, en face de lui les flics qui vont suivre sa trace sont aussi très amusant dans leur désœuvrement. Bref c’est vivant, l’humour noir, grinçant, méchant et mal élevé de Thierry Reboud fait merveille, ça tape dans tous les sens, c’est parfois n’importe quoi. Le style est à l’avenant, une forme punk, on trouve de tout : jeux de mots, jeux avec les mots, utilisation d’expressions connues détournées, phrases alambiquées, vieilles argots et mots savants mélangés à des expressions plus modernes, de l’anglais écrit phonétiquement, digressions, adresses aux lecteurs, tout ça pourrait faire un pâté indigeste mais l’énergie de l’auteur transforme cette matière en un tourbillon, il semble se foutre de la grammaire, de la syntaxe comme de sa première chemise mais au final impose un style personnel fait d’un je-m’en-foutisme apparent.
Ce livre est une insulte aux intrigues bien ficelées, ce livre est une insulte au bon goût, ce livre est une insulte à la grammaire, ce livre est une insulte aux associations de protection de l’enfance, ce livre est un très bon livre. En ces temps de retour à un ordre morale bien pensant,  » roman pour les midinette, scènes cruelles  » fait du bien.
Même si le monde qui y est décrit en filigrane est un monde violent fait de petites vies grises et de grandes solitudes. La noirceur n’est jamais loin.
Un roman pour midinettes, scènes cruelles de Thierry Reboud, L’écailler du Sud, 2002.

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