Je rencontre Gérald Bronner aux journées Sang d’Encre de Vienne et décide de l’interviewer, même si je n’ai pas encore lu son livre à ce moment là…
BM : Qui sont tes maîtres dans le roman noir ?
Gérald Bronner : Dans les classiques, je dirais Jim Thompson que j’aime beaucoup et il y a autre auteur que j’aime beaucoup en ce moment qui s’appelle Chuck Palahniuck, l’auteur de Fight Club et d’un roman qui s’appelle le Survivant. C’est pas du policier, c’est du noir dans le sens que j’aime bien, justement…
BM : Plutôt violent donc et pas…
GB : Pour Jim Thompson, je dirais que c’est un style d’abord, avant tout un style et… pour moi la littérature noir, ça peut être de la littérature, de la vraie littérature, et ça fait longtemps qu’elle a gagné ces lettres de noblesse là dessus, il n’y a plus besoin de le défendre…
BM : Pour toi c’est plus important d’imposer un style qu’une intrigue bien ficelée ?
GB : Non, les deux sont importants. A la fois je suis attentif à essayer de faire une vraie narration qui puisse intéresser le lecteur c’est-à-dire pas tout dans la forme et puis… le style ouais c’est important, plus que le style, le rythme, le rythme du phrasé, etc. et je trouve que ça colle bien au roman noir…
BM : Quelle roman de Jim Thompson tu préfères ?
GB : Celui que je préfère de Thompson ? 1275 âmes, c’est un des plus connu aussi, sinon j’aime bien Marc Behm aussi…
BM : Donc plutôt des américains ?
GB : Ouais, de toute façon, même en littérature générale, je suis plutôt tendance américaine… des auteurs comme Carver… pour les français des auteurs comme Céline, qui écrit presque des romans noirs d’une certaine façon, fait parti des auteurs qui m’ont beaucoup plu. J’aime bien Houellebecq en ce moment, sinon dans les contemporains français, il y a des auteurs reconnus que je trouve pas très intéressant, genre Amélie Nothomb, des trucs comme ça… d’abord je ne connais pas, je profite de ce genre de salon our acheter un ou deux bouquins pour les lire.
BM : Est-ce qu’il y a des nouveaux auteurs de roman noir français qui tu semblent intéressants ?
GB : A mon avis Christophe Majeur par exemple, c’est vraiment bien, il y a Romain Slocombe bien sûr, il y en a sans doute d’autres mais j’en ai pas qui me vienne à l’esprit…
BM : Peux-tu me présenter Journal de guerre, ton premier roman noir ?
GB : Je dirais que c’est du noir fantastique, pas fantastique dans le sens où il y a des vampires, des trucs comme ça, mais fantastique dans le sens où il y a une ambiguïté et l’imaginaire, et c’est au lecteur de décider. C’est lui qui construit son roman, tout ce que j’écris c’est… il y a un scénario qui est assumé, en même temps j’essaie de proposer des éléments qui génèrent une créativité chez le lecteur pour qu’il se pose des questions, et un peu, pour qu’il construise son bouquin lui même, qu’il se dise « à mon avis, pour moi c’est ça », même si tout est résolu à la fin du texte, d’une certaine façon…C’est le journal d’un adolescent qui comme un évangile, n’apporte pas une bonne nouvelle mais une mauvaise nouvelle, et la mauvaise nouvelle c’est que c’est la guerre de tous contre tous, sauf que le problème est qu’il y a que lui qui le sait. Alors est-ce qu’il le sait ou est-ce qu’il croit le savoir, c’est toute la thématique du roman et c’est indexé sur le texte de l’apocalypse de Jean.
BM : Ca a été facile pour toi d’être publié ?
GB : Non, non. Pas facile.
BM : C’est le premier manuscrit que t’as écrit ?
GB : Non, ce n’est pas le premier manuscrit, non, non, justement… Et il avait été publié chez un autre éditeur, et c’est Baleine qui a racheté les droits… C’est pas facile de se faire publier, je trouve…
BM : Est-ce que tu penses qu’il y a familles dans le roman noir français, des liens entre écrivains ?
GB : Oh oui, il y a des… Je suis pas un spécialiste, mais il y a des grandes familles thématiques, en tout cas. Avec Dantec par exemple, il y a des romans noirs plutôt technologiques, que j’aime pas trop en général, les romans noirs histoires, etc.
Puis là il y avait trop de bruits aux allentours et je n’avais plus de questions à poser, ça tombait bien… Alors je dis « merci, au-revoir » et puis voilà…