François Muratet, 2002

La rencontre avec Muratet a lieu lors de la Cambuse du Noir qui se déroule (se déroulait) à Valence tous les ans au mois de mars.

BM: Comment es-tu venu au roman noir ?
François Muratet :Non j’étais pas tellement un grand lecteur, non, j’avais lu Daeninckx, Meurtres pour Mémoire qui m’avait beaucoup impressionné, sinon j’ai commencé par écrire de l’Héroïc Fantasy et notamment des livres dont vous êtes le Héros, donc j’étais parti vraiment dans une autre direction, et je me souviens j’avais touché des sous pour un livre dont vous êtes le héros mais le livre n’est jamais paru, c’est une première déception. Après j’ai voulu faire autre chose donc j’ai fait du coup de l’Heroic Fantasy, c’est encore très loin du polar et puis après pour changer un peu, en écrivant un bouquin d’Heroic Fantasy m’était venu l’idée d’un crime qui avait pour cause une vengeance liée à la guerre d’Algérie, et comme j’étais un peu militant gauchiste à l’époque, je trouvais que c’était un bon prétexte. En même temps quand on est auteur de polar, on se demande toujours, le crime est centrale dans le polar, pas dans tous les polars mais il y a un crime et on cherche à savoir pourquoi … Ce qui est difficile si on ne veut pas faire dans le psychologique c’est de trouver un crime passionnel, sinon on explique qu’il est fou, qu’il a eu une enfance malheureuse, genre un serial killer, mais ça, ça ne m’intéresse pas, moi ce qui m’intéresse c’est qu’est-ce qui peut pousser quelqu’un de normal à tuer quelqu’un d’autre. Et en gros on arrive à une histoire de vengeance quoi, et donc pourquoi, quelle vengeance m’intéresse, et bien, c’est une vengeance liée à des motifs politiques, quoi de mieux que l’Algérie… Donc voilà c’est comme ça que je suis venu au polar.

BM : Tu es plutôt dans une tradition du roman noir…
F.M : … à la française. Vraiment à la française… J’avais lu un autre roman qui m’avait bien impressionné c’est Le Salon du Prêt à Saigner de Joseph Bialot, que j’ai rencontré en plus l’an dernier et on a maintenu une relation, on s’écrit de temps en temps, ça m’avait marqué, Le Salon du Prêt à Saigner, Meurtres pour Mémoire, c’est vraiment les deux…

BM : J’ai l’impression qu’il y a des influences de ce côté là du roman noir français mais aussi des influences américaines, vous parlez de L.A. Confidential pour le deuxième… Est-ce qu’il y a l’idée de mixer les deux ?
F.M. : Oui j’ai été vachement impressionnée par Ellroy, par la force que ça a. Pour Daeninckx c’est les idées qui m’intéressent, l’idée de faire du roman social et politique, ça c’est que je garde de chez Daeninckx, et puis avec la force de comment écrit Ellroy, comment il dépeint les gens qui sont méchants, comment il est sans concession, le côté noir … Donc c’est ce que j’ai essayé de faire dans Stoppez les Machines, avec des gens assez durs, et finalement au fil des réécritures, j’ai gommé, ils étaient très très mauvais, très très méchant, c’était vraiment No Futur, au début… mais du coup, les copains à qui je l’ai fait lire me disaient qu’on s’accroche pas aux personnages, ils sont pas sympas, on n’a pas envie de le lire, alors j’ai un peu modifié… avec des personnages plus positifs.

BM : Les personnages que je trouve les plus intéressants, ce sont les personnages qui sont un peu doubles comme Raymond et Bruno…
F.M. : Ils sont tous doubles en fait. Même Mona, elle est double, c’est à la fois une ouvrière et une rockeuse … Moi c’est comme ça que je les ai voulus avec Gramat le DRH … le militant, lui-aussi est double parce qu’il cache qu’il est militant gauchiste. C’est ça qui m’a intéressé, le fait que les gens soient complexes, le fait aussi qu’ils évoluent. Le fait que le conflit crée des solidarités, crée des liens, et modifie ce que les gens pensent, comment ils ressentent les choses…

BM : J’ai l’impression que tu pars souvent sur beaucoup de personnages, qu’il y a des sortes de lignes, dans le premier avec ces deux lignes parallèles, entre celui qui a parcouru le monde du côté de l’extrême droite, et l’autre en face, et le dernier avec cette polyphonie, j’ai l’impression que c’est un truc que tu aimes bien…
F.M. : L’idée d’un roman compliqué, ouais, ça j’adore et sur le troisième ça va être pire… Et je me demande jusqu’ou on peut aller en mettant plusieurs histoires à la fois… ouais ça m’intéresse beaucoup parce que j’ai peur d’ennuyer le lecteur, et peut-être que j’ai peur de m’ennuyer moi, donc j’aime bien le côté un peu défi, jusqu’où on peut aller avec une multitude de personnages et comment on arrive comme ça à avoir une vision parce que j’aime bien la vision interne, j’essaie de faire en sorte que le narrateur  ne soit pas trop bavard, il ne raconte pas ce qu’il pense, donc une grande partie de ce qu’on sait, on le sait par les sentiments, par la vision des personnages, je trouve que c’est intéressant d’autant plus que c’est une facilité que le narrateur dise « voilà l’herbe était verte, il faisait beau, on était à Valence et c’était sympas… »… Penser à travers les personnages, ça permet d’éviter de les décrire, une fois qu’on sait comment ils pensent, c’est plus la peine que le narrateur le dise.

BM : Est-ce que tu adaptes ton style aux différents personnages ?
F.M : J’ai essayé, oui. J’ai essayé de faire en sorte que le vocabulaire ne soit pas le même. Tout en faisant les choses pas trop caricaturales et donc quand on est avec Bruno, le vocabulaire est un peu plus soutenu… Il a fait des études, quoi. Raymond, c’est plus trash. Mona, il y a la colère qui suinte, en même temps c’est pas facile, mais c’est ça qui m’intéresse…

BM : J’ai l’impression que dans le roman noir, il y a souvent un justicier solitaire même s’il est gauchiste et que tu as essayé de faire un collectif, ce qui est assez rare en fin de compte… Est-ce que ça fait partie de tes premières intentions…
F.M : Ouais, je voulais que ce soit collectif. Je voulais surtout que cette grève soit centrale et qu’on voit cette grève avec des regards différents, je voulais qu’il y ait trois regards différents à égalité. Dans le premier projet, Raymond était là, mais Mona était un garçon, un ouvrier en fait qui s’appelait Toni, et Bruno n’était pas un consultant, c’était le patron, mais j’arrivais pas avec le patron, je n’arrivais pas à le faire parler, je n’arrivais pas à l’animer…

BM : Tu n’arrivais pas à penser…
FM : (sourire) Non, je n’arrivais pas à penser comme un patron, ça me semblait loin, donc j’ai eu l’idée d’un consultant, un type un peu extérieur et qui avait une vision un peu patronale quand même et après je me suis dit que c’est fatigant ces trois types, surtout que quand on met trois mecs un peu barjots, c’est pas très cool non plus, au niveau de l’écriture il y a des trucs qui reviennent sans arrêt, il faut que je mette une fille là dedans. Donc Toni est devenu Mona, il fallait tout réécrire, il ne suffit pas de mettre au féminin il faut encore que… Toni par exemple prenait les mecs par le revers, il leur gueulait dessus, et une fille, elle fait pas ça quoi, même au niveau du vocabulaire, Mona, elle est un peu grossière mais j’ai du enlever par rapport à ce que disait Toni, et la même grossièreté est plus forte dans la bouche d’une fille que d’un garçon… Dans mon esprit c’est bizarre parce que moi, je disais à qui voulait l’entendre que c’était impossible pour un mec d’écrire en se mettant dans la peau d’une fille et que donc ça donne une absurdité… Et là je me suis dit, j’ai besoin d’une fille, il faut que j’y aille et du coup… j’ai eu un peu de mal au début mais finalement beaucoup moins que je ne le croyais. Personne m’a dit on n’y croit pas en cette gonzesse donc voilà, finalement, on a des préjugés…

BM : Vous parlez de Go dans le Pied-Rouge, et de l’Aïkido dans Stoppez les Machines, est-ce que ça a une influence et sur l’écriture et sur l’histoire, ou est-ce que c’est venu après ?
F.M. : Le Go est venu après dans Pied-Rouge, dans le Pied-Rouge au niveau de l’écriture, il y avait un problème parce que le personnage de Frédéric était comme toi et moi, c’était du tout venant, donc il n’était pas très intéressant, et Max était très intéressant et je me suis rendu compte que c’était un peu gênant qu’on puisse pas s’attacher à ce type qui manquait de caractère et il fallait en faire quelqu’un de beaucoup plus intéressant. Donc j’en ai fait un type dont le père était mort dans les mêmes circonstances et c’est venu après dans l’écriture, j’en ai fait un type très torturé qui jouait au Go et je me suis demandé, est-ce que ce n’est pas un truc qui n’intéresse que moi, est-ce que ça ne va pas ennuyer et finalement je ne crois pas parce que je me souviens des réactions qui y avaient au début, ça revenait sans intérêt, le jeu de Go, j’ai fait ça pour lui donner une personnalité plus forte et en même temps c’est moi, et c’est une des erreurs qu’il ne faut pas faire quand on écrit, c’est d’écrire des choses qui n’intéressent que soi. Savoir dans ce qui nous intéresse nous a une portée un peu universelle, intéresse d’autres gens, c’est ça qui est un peu dur à apprécier…

BM : J’ai l’impression que ça vient un peu en filigrane, comme l’Aïkido qui donne cette impression de tourbillon dans Stoppez les Machines, l’Aïkido comme une sorte d’illustration supplémentaire.
F.M. : Ouais, ce qui m’inquiétait c’était de me dire oh là là, j’ai fait le coup avec le jeu de Go, ensuite j’ai fait le coup avec l’Aïkido, qu’est-ce que ce sera pour le prochain ? Pour le prochain il y a rien du tout, j’ai décidé d’arrêter avec ça et en même temps c’est quelque chose qui m’intéresse, il y a quelque part en moi l’idée qu’on peut penser la vie à travers un jeu de Go ou à travers l’Aïkido, qu’on puisse faire les choses tellement à fond qu’on puisse voir la vie à travers ça, mais je sais bien que quelqu’un qui fait ça passera pour un cinglé total et Bruno est un peu cinglé, et quand il explique à l’autre comment il voit l’Aïkido et qu’est-ce que c’est que la voie du sabre, l’autre le regarde comme s’il était maboule, en même temps j’aime bien ça, il est hors de la réalité quoi, si on arrive à emmener le lecteur sur un truc comme ça, ça n’existe pas franchement, tu y es allé, toi ? Tu y as cru ?

BM : Je ne sais pas, j’arrivais à comprendre la logique du personnage, je voyais pourquoi il était là dedans, donc j’ai cru au personnage qui s’intéressait à ça… Je vois bien Frédéric dans l’idée de vouloir se poser, de vouloir réfléchir froidement, de vouloir se centrer sur quelque chose comme ça…
F.M. : Les gens comme ça, je ne crois pas que ça existe… On est dans la fiction, hein ! En même temps ça me plait d’inventer un truc comme ça.

BM : J’ai l’impression que pour le Go et pour le reste tu travailles avec une importante documentation, pour que ce soit précis, réaliste…
F.M. : Ouais, il y a beaucoup de lecture et en même temps faire en sorte que ce ne soit pas de la documentation. Il y a un truc qui m’a un petit peu gêné avec Stoppez les Machines, plusieurs qui m’ont dit « on dirait un documentaire », on a une première partie où on est dans l’usine… Alors qu’on est dans une fiction, tout est inventé, même si l’usine où je suis allé ressemble un peu à celle de Stoppez les Machines, je ne sais pas, il se passe des choses entre les gens, on voit bien qu’il y a une machination, les gens sont frappés par ça. Pour moi, c’est très important d’être documenté… là j’ai un projet pour écrire un roman qui se passera en Afghanistan, comme il est hors de question d’aller en Afghanistan, comme il est hors de question que je raconte n’importe quoi, je suis en train d’accumuler une documentation énorme et je me demande si je ne suis pas en train de déconner, si je ne ferais pas mieux d’abandonner ce truc là, j’espère qu’à un moment après avoir lu la documentation, je pourrais parler de l’Afghanistan comme si j’y étais sans y être allé, j’espère que ça arrive, sinon je suis mal…

BM : En tout cas, pour le premier on peut penser que tu étais maoïste…
F.M. : J’en étais pas loin alors je vois bien… Mais pour ceux qui connaissent bien les maos, il y a plein de choses qui sont fausses dans les parties de Max, il y a plein de choses qui ne sont pas du maoïsme, mais bon il faut vraiment être spécialiste, on voit bien qu’ils n’étaient pas comme ça les maos, que les dirigeants maos n’étaient pas comme Max. Les dirigeants maos de l’époque étaient plus fêlés, ils étaient beaucoup plus jeunes avec surtout beaucoup moins d’expériences politiques, ce n’étaient pas des théoriciens alors que Max il a quand même combattu dans les rangs du FLN, il a un parcours incroyable, ensuite il a été Pied Rouge, c’est pas un rigolo, c’est vrai qu’il est jeune, il a une expérience politique balaise, les dirigeants maos de l’époque, c’était des types que le pouvoir intéressait, qui savait bien parler, des leaders quoi… alors que Max, c’est quasiment un aventurier mais il faut fouiller travail très très loin dans le roman pour arriver à dire qu’il y a des petits trucs comme ça qui ne vont pas…

BM : Dans ce livre est-ce que c’était volontaire le côté présent au passé, le passé au présent ?
F.M. : Ouais, ça n’a pas été écrit en même temps dans la genèse de l’histoire, tout ce qui a été écrit au présent et donc qui revient du passé à été écrit après. Dans les premiers jets, il y a l’histoire de ce garçon qui cherche à savoir pourquoi cet ancien dirigeant mao a été assassiné, après ça a été enrichi et notamment j’ai rajouté ce triptyque en italique. En fait mon écriture elle-même a évolué entre-temps parce qu’il s’est passé quelques années, et entre temps j’avais lu Echenoz, c’est un autre type qui m’a influencé. Jean Echenoz c’est un type intéressant parce qu’il écrit des polars, il écrit dans la blanche avec des structures de polar, c’est très original, c’est toujours une espèce d’enquête, il y a un mort, il y a la dramatique du polar mais c’est de l’écriture de blanche et il a une écriture très très froide, très descriptive, avec beaucoup de distance. Donc j’ai été influencé par ça et en même temps il fallait que ces trucs en italique se détachent vraiment de tout le reste, c’est pas tellement que je me suis dit « c’est du passé, je vais l’écrire au présent », j’ai pas eu tellement ce raisonnement là, ça aurait mieux si j’avais eu cette idée… Non, j’ai plutôt eu l’idée de faire quelque chose qui se démarque de l’autre partie et donc la rupture de temps…

BM : Je trouvais que ça allait bien avec le thème, c’est du passé qui revient, avec le personnage qui repense à quand son père est mort etc. qui est miné par le passé et donc le passé est plus présent que le présent, je croyais que c’était volontaire…
F.M. : C’est pas conscient, non, je peux pas dire, c’est pas de la préméditation. Peut-être qu’au moment de l’écriture, je trouvais ça vraiment bien, même un moment c’était énervant parce que ce qui était en italique est mieux que le reste…Il y a des choses qui fonctionnent qu’on ne maîtrise pas, peut-être que c’est quelque chose que j’ai pensé inconsciemment…

BM : Comment abordes-tu la forme ? Il me semble qu’au niveau du style, c’est relativement simple, c’est pas des phrases alambiquées.
F.M. : Je veux que ça se lise vite. En même temps, il faut que les images soient fortes, que des gens soient surpris, il y a plein de passage de descriptions qui sont hyper travaillées. Même au niveau des sonorité, j’ai travaillé, et en même temps, il faut pas que ça soit trop laborieux, donc ça dure trois lignes. Par rapport à la structure, ce que j’aime bien, c’est quand il y a plusieurs histoires, plusieurs points de vue comme ça… Ce que j’aime bien moi en tant que lecteur c’est qu’il y ait un moment où je réfléchis à pourquoi cette structure est là et qu’est-ce qui va se passer… On fait des hypothèses, pourquoi ces trois personnages là par exemple, plus dans le Pied Rouge et même dans Stoppez les Machines avec un personnage en italique dont le lecteur se demande qui s’est, pourquoi il escalade le mur… En tant que lecteur, il est actif, il veut savoir, j’aime bien ça. Et c’est pareil dans le Pied Rouge, on se demande pourquoi ces trois personnages sont là, il y en a on voit bien que c’est Frédéric, mais le troisième on se demande à quoi il sert, qu’est-ce qu’il fait là. Pour moi la structure est importante, c’est bien qu’il y ait à la fois une histoire comme ça qui se déroule, on mélange avec plein de personnage, en même temps, il y a une petite énigme, juste au niveau de la structure, en filigrane, pour rendre le lecteur un peu actif, et quand il trouve, il a les moyens de trouver avant que ce soit dit, avec ce petit plaisir comme dans les vieilles enquêtes, comme dans les vieux romans policiers à la Agatha Christie ou on peut deviner qui est l’assassin avant que l’histoire le dise…

BM : Est-ce que vous considérez qu’il y a des familles différentes dans le roman noir français, des groupes, est-ce que vous vous sentez inscrit là dedans ?
F.M. : En étant au Serpent à Plume, on est déjà à l’écart des deux grandes familles, Baleine, et surtout Gallimard, la Série Noire, autant on n’est pas complètement largué puisque le Serpent à Plume a une certaine surface. C’est la première fois que le Serpent à Plume vient à Valence par exemple, alors qu’on est dans un haut lieu du polar noir franchouillard, français, du polar noir gauchiste français… il y a des réseaux et donc j’étais un peu extérieur aux réseaux sinon c’est ma famille politique, le polar français gauchiste, donc je suis dans la lignée de Daeninckx, je ne suis pas trop dans celle de Pouy, parce que Pouy c’est vraiment autre chose, c’est vraiment une écriture très forte, où les idées sont moins mises en avant, il me semble. Voilà.

BM : Et est-ce que dans les nouveaux auteurs de roman noir, il y a des gens qui te paraissent intéressants ?
F.M. : Il y en une récemment qui m’a impressionné, c’est Michel Rosenfarm qui a écrit dans la Série noire Vagabondage mais c’est parce qu’au niveau de l’écriture ça ne ressemble pas à un polar, c’est un monologue, enfin c’est une moitié de dialogue, c’est quelqu’un qui répond à quelqu’un mais on n’a que ses réponses, on sait qu’il y a eu un mort, c’est le type qui est arrêté, il parle avec l’inspecteur, on entend jamais l’inspecteur, la façon dont l’autre répond, on devine les questions de l’inspecteur. Ca ça m’a pas mal impressionné, sinon… j’en ai lu mais alors là… Ben voilà, désolé.

BM: Quels sont tes projets, à part cette histoire d’Afghanistan ?
F.M. : Ca c’est pas le prochain, c’est celui d’après. Non le prochain c’est une ambiance de polar mais ça se passe dans cinquante ans, donc ce n’est pas vraiment de la science fiction parce que il n’y a pas des astronefs qui utilisent l’hyper espace… c’est de l’anticipation, c’est un peu de la politique fiction sur ce que va devenir l’Europe, et ça a pour base littéraire le Talon de Fer de Jack London, qui raconte dans le futur, l’insurrection des ouvriers à Chicago, il a écrit ça en 1905 et ça se passe en 1912, et ensuite comment la bourgeoisie décide de réprimer et c’est ensuite une dictature féroce qui dure plusieurs siècles, c’est un texte sur le fascisme avant que le fascisme existe, quoi. C’est un texte qui a un peu vieillit mais bon j’en ai un souvenir très marquant et donc c’est un peu l’idée que j’ai. Ecrire le Talon de Fer aujourd’hui, avec une Europe qui dégénère, une crise économique qui fait que les tensions sociales sont fortes puis le basculement d’une démocratie apparente à plus de démocratie du tout.

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