J’ai rencontré Bernard Dufourg aux journées Sang D’Encre de Vienne avant la sortie de son nouveau livre Manipulation chez le même éditeur.
BM : Comment êtes-vous arrivé au roman noir ?
Bernard Dufourg : En fait je lis beaucoup, je ne lis pas que du polar mais j’en lis beaucoup surtout quand je voyage, c’est facile à lire dans le train, dans l’avion. Je me suis mis à écrire parce que je suis intermittent du spectacle et tout à coup j’ai eu une grosse période de trou, et je me suis dit plutôt que de rien faire, je vais me mettre à écrire, donc j’ai trouvé une histoire intéressante et je suis parti de là.
BM : Est-ce que Mafiya est parti de voyages que vous avez fait entre la Russie et le Pays Basque ?
BD : J’ai fait plusieurs documentaires en Russie et j’ai gardé un très bon souvenir de l’ambiance, ça fait très cinéma, donc j’ai gardé des images assez fortes dans ma mémoire. Pour le Pays Basque je suis originaire de là-bas et je trouve qu’il y a une vraie culture au Pays Basque, intéressante à mettre en scène dans un livre. Ça me permettait d’avoir une bonne base culturelle…
BM : Au niveau de la construction, avec ces deux histoires séparées, une qui part de Russie, et une qui est au Pays Basque…
BD : Ça c’est une construction très cinéma. Dans les documentaires que j’ai tournés, je me suis rendis compte que quand il y avait des histoires qui se croisaient, c’était plus facile à réaliser, donc en fait c’est un peu une solution de facilité mais en même temps ça donne du dynamisme à l’histoire, je trouvais que ça marchait bien.
BM : A propos de rythme, de dynamisme, est-ce que quand ça bougeait beaucoup d’un côté, vous ralentissiez un peu de l’autre ? Est-ce que c’était volontaire ou ça fait comme ça ?
BD : Ça s’est fait comme ça… J’ai eu des critiques sur certaines choses où ça se ralentit un peu. Je trouvais bien que l’équipe de tournage, qui est complètement prise dans l’histoire sans savoir ce qu’il va se passer, est sur quelque chose qui n’a rien à voir avec l’histoire proprement dite du thriller. Je trouvais intéressant que le tournage sur la Russie où il se passe rien au niveau de l’histoire, permet de temps en temps de ralentir et ça permet de perdre le lecteur. Il ne sait pas si c’est pendant ce tournage en Russie qu’il va y avoir un problème ou pas, ça permet de créer une troisième piste qui égare un peu le lecteur, qui ralentit, c’est fait un peu exprès…
BM : Il y a un truc qui m’intéressait aussi dans le livre c’est l’aspect collectif, du côté des Russes ou du côté du pays Basque. Les personnages principaux ont autour d’eux un réseau en fait, ce sont des personnages héroïques mais ils ne sont pas si actifs que ça…
BD : Ouais c’est voulu, j’aime bien ce côté groupe, copains, ça vient de ma vie perso, je travaille à Paris, mais je suis originaire du Pays Basque où j’ai tout un réseau de copains d’enfance depuis quarante ans, on allait à l’école ensemble et on se revoit tout le temps, même si on se voit pas pendant un ou deux ans, on a gardé ce côté amitié, et quand il y en a un qui a une galère, les autres essaient de l’aider… C’est la même histoire avec mon fils au pays Basque qui lui aussi a une bande de copain, qui est très soudée. Et je trouvais bien aujourd’hui, notamment dans les grandes villes où les gens sont un peu perso, de redonner ce côté humain aux gens, je trouvais ça intéressant.
BM : Vous avez été cameraman, est-ce que vous vous êtes posé des questions de comment décrire les choses, par exemple la scène de viol du début, est-ce que vous vous êtes posé la question de la façon de l’écrire ?
BD : Sur ce livre, je pensais que c’était intéressant d’être assez cru, et d’en parler, en même temps, ça aurait pu être plus fort, j’aurais pu en parler plus… Mais bon c’est quand même l’histoire d’une nana qui fait la pute et qui se trouve embarquée dans une histoire qui la dépasse donc il fallait que je mettre ça, parce que sinon, je ne sais pas… Par contre j’ai écrit deux autres livres qui vont sortir aussi, dans le troisième j’ai mis une scène sexe comme ça, que j’ai fait lire à des gens, et qui m’ont dit là ça tombe à plat. Sur ce premier, personne ne m’a fait la réflexion.
BM : c’est quoi votre projet ?
BD : Le projet c’est que c’est une série récurrente, le deuxième livre est plus journalistique, je vais dire, c’est une vraie enquête journalistique, toujours avec une histoire au milieu, mais c’est une vraie enquête sur des faits qui se sont passés et qui sont détournés, donc c’est complètement de la fiction inspirée de faits réels que les gens reconnaîtront je pense. Et la troisième aventure, c’est vraiment de l’aventure, c’est une histoire croisée, mais là au lieu que ce soit Russie/Pays Basque, c’est XVIIIème siècle et aujourd’hui. Toujours avec le même personnage, mais avec des personnages qui peuvent prendre le pas sur Pierre Irigoyen (le héros de la série) presque vous voyez ?
BM : J’ai l’impression qu’il y avait un choix dans votre livre de classicisme, de roman d’aventure, d’espionnage…
BD : Non j’ai fait ça au feeling mais j’ai quand même pas mal lu de roman qui ont « marché », pourquoi ça a marché, pourquoi le lecteur était intéressé par tel type de roman, par exemple les chapitres courts c’est volontaire, je me suis rendu compte que c’était intéressant pour le lecteur d’avoir des chapitres courts et de passer d’une histoire à l’autre comme ça rapidement, je trouvais que ça dynamisait. J’ai toujours essayé de faire quelque chose de très dynamique et de très visuel. Ça vient de ma culture télé, ce serait très facile d’en faire un scénario.
BM : Comment vous vous sentez dans le milieu du noir ?
BD : J’ai l’impression d’être à côté de la plaque, je comprends pas très bien comment fonctionne l’édition, j’ai pas de contact particulier. Là je viens sur des salons, je ne suis pas toujours très à l’aise, j’aime pas dédicacer, j’aime pas parler de mes livres mais en même temps, bon si ça marche peut-être que dans dix ans je trouverais ça formidable. Je ne suis pas tellement prix, tous ces trucs-là, même en télé, j’ai eu quelques prix mais j’allais jamais sur les festivals. En même temps, je me suis pris au jeu de l’écriture, et j’ai envie d’en écrire d’autres, je ne vais pas m’arrêter. Même si ça marche pas forcément très bien, je ne peux pas savoir, là c’est le premier, je sais que ça a pas mal marché au pays Basque, parce que les gens me connaissaient et le bouche à oreille a marché, mais comme je suis chez un petit éditeur à Paris, c’est plus compliqué. Là maintenant j’essaie de trouver le moyen de me faire connaître pour avoir la possibilité de rentabiliser un peu le travail, je ne veux pas dire que je veux gagner ma vie avec ça, mais rentabiliser le temps passé, parce que c’est quand même du temps. Et en même temps si je réussi à rentabiliser un peu je pourrais passer plus du temps sur mes livres, c’est ça qui est intéressant sur certains livres, c’est d’avoir plus de temps pour retravailler, parce que ça c’est quand même « écrit assez vite », j’ai pas galéré pour écrire, c’était assez fluide, j’ai pas eu de problème pour trouver l’histoire.J’ai rencontré Bernard Dufourg aux journées Sang D’Encre de Vienne avant la sortie de son nouveau livre Manipulation chez le même éditeur.
BM : Comment êtes-vous arrivé au roman noir ?
BD : En fait je lis beaucoup, je ne lis pas que du polar mais j’en lis beaucoup surtout quand je voyage, c’est facile à lire dans le train, dans l’avion. Je me suis mis à écrire parce que je suis intermittent du spectacle et tout à coup j’ai eu une grosse période de trou, et je me suis dit plutôt que de rien faire, je vais me mettre à écrire, donc j’ai trouvé une histoire intéressante et je suis parti de là.
BM : Est-ce que Mafiya est parti de voyages que vous avez fait entre la Russie et le Pays Basque ?
BD : J’ai fait plusieurs documentaires en Russie et j’ai gardé un très bon souvenir de l’ambiance, ça fait très cinéma, donc j’ai gardé des images assez fortes dans ma mémoire. Pour le Pays Basque je suis originaire de là-bas et je trouve qu’il y a une vraie culture au Pays Basque, intéressante à mettre en scène dans un livre. Ça me permettait d’avoir une bonne base culturelle…
BM : Au niveau de la construction, avec ces deux histoires séparées, une qui part de Russie, et une qui est au Pays Basque…
BD : Ça c’est une construction très cinéma. Dans les documentaires que j’ai tournés, je me suis rendis compte que quand il y avait des histoires qui se croisaient, c’était plus facile à réaliser, donc en fait c’est un peu une solution de facilité mais en même temps ça donne du dynamisme à l’histoire, je trouvais que ça marchait bien.
BM : A propos de rythme, de dynamisme, est-ce que quand ça bougeait beaucoup d’un côté, vous ralentissiez un peu de l’autre ? Est-ce que c’était volontaire ou ça fait comme ça ?
BD : Ça s’est fait comme ça… J’ai eu des critiques sur certaines choses où ça se ralentit un peu. Je trouvais bien que l’équipe de tournage, qui est complètement prise dans l’histoire sans savoir ce qu’il va se passer, est sur quelque chose qui n’a rien à voir avec l’histoire proprement dite du thriller. Je trouvais intéressant que le tournage sur la Russie où il se passe rien au niveau de l’histoire, permet de temps en temps de ralentir et ça permet de perdre le lecteur. Il ne sait pas si c’est pendant ce tournage en Russie qu’il va y avoir un problème ou pas, ça permet de créer une troisième piste qui égare un peu le lecteur, qui ralentit, c’est fait un peu exprès…
BM : Il y a un truc qui m’intéressait aussi dans le livre c’est l’aspect collectif, du côté des Russes ou du côté du pays Basque. Les personnages principaux ont autour d’eux un réseau en fait, ce sont des personnages héroïques mais ils ne sont pas si actifs que ça…
BD : Ouais c’est voulu, j’aime bien ce côté groupe, copains, ça vient de ma vie perso, je travaille à Paris, mais je suis originaire du Pays Basque où j’ai tout un réseau de copains d’enfance depuis quarante ans, on allait à l’école ensemble et on se revoit tout le temps, même si on se voit pas pendant un ou deux ans, on a gardé ce côté amitié, et quand il y en a un qui a une galère, les autres essaient de l’aider… C’est la même histoire avec mon fils au pays Basque qui lui aussi a une bande de copain, qui est très soudée. Et je trouvais bien aujourd’hui, notamment dans les grandes villes où les gens sont un peu perso, de redonner ce côté humain aux gens, je trouvais ça intéressant.
BM : Vous avez été cameraman, est-ce que vous vous êtes posé des questions de comment décrire les choses, par exemple la scène de viol du début, est-ce que vous vous êtes posé la question de la façon de l’écrire ?
BD : Sur ce livre, je pensais que c’était intéressant d’être assez cru, et d’en parler, en même temps, ça aurait pu être plus fort, j’aurais pu en parler plus… Mais bon c’est quand même l’histoire d’une nana qui fait la pute et qui se trouve embarquée dans une histoire qui la dépasse donc il fallait que je mettre ça, parce que sinon, je ne sais pas… Par contre j’ai écrit deux autres livres qui vont sortir aussi, dans le troisième j’ai mis une scène sexe comme ça, que j’ai fait lire à des gens, et qui m’ont dit là ça tombe à plat. Sur ce premier, personne ne m’a fait la réflexion.
BM : c’est quoi votre projet ?
BD : Le projet c’est que c’est une série récurrente, le deuxième livre est plus journalistique, je vais dire, c’est une vraie enquête journalistique, toujours avec une histoire au milieu, mais c’est une vraie enquête sur des faits qui se sont passés et qui sont détournés, donc c’est complètement de la fiction inspirée de faits réels que les gens reconnaîtront je pense. Et la troisième aventure, c’est vraiment de l’aventure, c’est une histoire croisée, mais là au lieu que ce soit Russie/Pays Basque, c’est XVIIIème siècle et aujourd’hui. Toujours avec le même personnage, mais avec des personnages qui peuvent prendre le pas sur Pierre Irigoyen (le héros de la série) presque vous voyez ?
BM : J’ai l’impression qu’il y avait un choix dans votre livre de classicisme, de roman d’aventure, d’espionnage…
BD : Non j’ai fait ça au feeling mais j’ai quand même pas mal lu de roman qui ont « marché », pourquoi ça a marché, pourquoi le lecteur était intéressé par tel type de roman, par exemple les chapitres courts c’est volontaire, je me suis rendu compte que c’était intéressant pour le lecteur d’avoir des chapitres courts et de passer d’une histoire à l’autre comme ça rapidement, je trouvais que ça dynamisait. J’ai toujours essayé de faire quelque chose de très dynamique et de très visuel. Ça vient de ma culture télé, ce serait très facile d’en faire un scénario.
BM : Comment vous vous sentez dans le milieu du noir ?
BD : J’ai l’impression d’être à côté de la plaque, je comprends pas très bien comment fonctionne l’édition, j’ai pas de contact particulier. Là je viens sur des salons, je ne suis pas toujours très à l’aise, j’aime pas dédicacer, j’aime pas parler de mes livres mais en même temps, bon si ça marche peut-être que dans dix ans je trouverais ça formidable. Je ne suis pas tellement prix, tous ces trucs-là, même en télé, j’ai eu quelques prix mais j’allais jamais sur les festivals. En même temps, je me suis pris au jeu de l’écriture, et j’ai envie d’en écrire d’autres, je ne vais pas m’arrêter. Même si ça marche pas forcément très bien, je ne peux pas savoir, là c’est le premier, je sais que ça a pas mal marché au pays Basque, parce que les gens me connaissaient et le bouche à oreille a marché, mais comme je suis chez un petit éditeur à Paris, c’est plus compliqué. Là maintenant j’essaie de trouver le moyen de me faire connaître pour avoir la possibilité de rentabiliser un peu le travail, je ne veux pas dire que je veux gagner ma vie avec ça, mais rentabiliser le temps passé, parce que c’est quand même du temps. Et en même temps si je réussi à rentabiliser un peu je pourrais passer plus du temps sur mes livres, c’est ça qui est intéressant sur certains livres, c’est d’avoir plus de temps pour retravailler, parce que ça c’est quand même « écrit assez vite », j’ai pas galéré pour écrire, c’était assez fluide, j’ai pas eu de problème pour trouver l’histoire.