Les thrillers états-uniens ont une capacité à affronter les questions qui agitent l’actualité qui est plutôt réjouissantes, là ça part bien, un roman qui se coltine la question religieuse de façon frontale, et aussi le climat sécuritaire post-11 septembre, la stigmatisation d’un musulman dans ce contexte, etc.
Prendre pour héros un privé évangéliste semble une idée intéressante et permet de voir ce monde réactionnaire et fanatique de l’intérieur. Mais le problème est que l’auteur essaie de justifier son histoire tout en l’écrivant, c’est à dire, il veut nous faire croire à la conversion au doute de son héros, à son abandon d’une foi absolu, mais ce n’est pas incarné, on n’y croit jamais parce que l’auteur n’y croit pas non plus, et comme toute une partie du livre est sur ses tergiversations, « mais comment est-ce possible que tout ne soit pas comme mon pasteur me le présente, me serais-je trompé ? Mais ma femme est-elle de mon côté ou du côté de la foi ? De quel côté suis-je ? » Il aurait fallu un peu plus de folie de la part de Larry Beinhart, plus d’abandon de ses propres convictions, quand Ellroy fait vivre un personnage fasciste ou un tueur psychopathe on est avec lui, alors que là on reste en dehors, l’auteur surplombe son personnage en voulant trop le rendre crédible, du coup, on reste à distance.
L’intrigue est foireuse, il ne se passe étrangement pas grand-chose pour un thriller de ce genre, les différentes péripéties sonnent faux, tout tombe à plat, ça pourrait passer si on n’était emmené par le héros mais ce n’est pas le cas. L’écriture est agréable et sans faute de goût, mais cela ne suffit pas à donner de la puissance à ce roman étrangement raté.
L’Évangile du billet vert de Larry Beinhart, Série Noire, Gallimard, 2010
L’Evangile du billet vert de Larry Beinhart
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J’ai adoré « Le bibliothécaire » de cet auteur, qui a été primé d’ailleurs. Mais en lisant ta critique je ne regrette plus de n’avoir pas lu celui-ci !
PS. : ton blog est très intéressant
A bientôt